50.

De l’extérieur, l’endroit éclairé par la pleine lune a l’air sinistre. La villa est entourée d’un haut grillage rouillé qui, au vu des pancartes portant des éclairs, devait être électrifié. Il ne l’est plus.

Pour poser un grillage d’enceinte aussi haut et sophistiqué, mes parents devaient avoir une peur maladive d’être cambriolés.

Cassandre inspecte l’enceinte extérieure avant de s’avancer. Une pancarte « À VENDRE » est plantée de guingois, affichant un numéro de téléphone d’agence immobilière. Une pancarte malmenée par les intempéries, recouverte de moisissures, comme si l’agence depuis des lustres exigeait un prix trop exorbitant, ou comme si la bâtisse repoussait le chaland.

Elle fixe la porte, appelant à elle, de toutes ses forces, la moindre bribe de souvenir, mais rien ne vient. Elle s’immobilise devant la boîte aux lettres étiquetée « FAMILLE KATZENBERG. » De vieux prospectus détrempés dépassent, recouverts de traces baveuses d’escargots.

Cassandre repense aux habitants de Rédemption.

Orlando. Fetnat. Kim. Esméralda. Si seulement j’avais pu leur dire la vérité sur mon passé.

Elle fait le tour du grillage et distingue, derrière une haie de cyprès, une belle maison ultramoderne, ouverte sur le parc par de grandes baies vitrées. Un toit en béton blanc imite une ondulation de vague d’où s’élève une tour en forme de prisme.

Le grillage rouillé est percé en plusieurs endroits. Cassandre n’a plus qu’à agrandir l’orifice, d’un geste qui lui rappelle son entrée dans le dépotoir. Elle se faufile dans l’immense parc aux étendues de pelouses à l’abandon, ponctuées d’arbres centenaires. Sous la lune, brille un petit lac entouré de roseaux.

Je ne pouvais pas leur dire la vérité car elle est incompréhensible.

Cassandre inspire profondément, les yeux fermés, tournée vers son passé, à la recherche d’un indice, une odeur, une sensation qu’elle reconnaîtrait et qui raconterait la suite, comme une pelote se déroule.

Mais rien. Seul un abîme résonne en elle.

On m’a volé mes souvenirs. On m’a volé ma mémoire. On m’a volé mon enfance. Mais qui ? Qui a fait ça ?

Je veux savoir qui je suis. J’irai jusqu’au bout pour le découvrir.

Elle respire un grand coup, s’approche de l’eau laquée de lune et envahie de joncs et de nénuphars. L’endroit, pourtant caractéristique, ne lui évoque rien. Elle fait le tour de la propriété, en essayant de faire résonner chaque détail du paysage dans sa mémoire. Mais le résultat se répète sans cesse, toujours le même : son plus lointain souvenir c’est son hurlement lorsqu’elle s’est levée pour chercher ses parents au milieu de la fournaise et des cadavres. Rien d’autre. C’était il y a quatre ans. Elle avait 13 ans.

À nouveau, les images d’horreur reviennent, effaçant tout le reste. Après l’attentat, l’ambulance. Puis l’avion. Et, en France les assistantes sociales qui essayaient de la faire parler. Elles posaient des questions auxquelles Cassandre ne comprenait rien et ne pouvait pas répondre. Puis était apparu quelqu’un qui prétendait pouvoir l’aider. Philippe Papadakis, directeur de l’école des Hirondelles. Il avait prononcé des mots rassurants :

— Je suis un grand ami de vos parents. Je travaillais avec votre mère depuis longtemps. Considérez-moi comme une sorte d’oncle. Nous allons essayer ensemble d’arranger les choses.

Après quoi, au fil des mois, elle avait eu l’impression que son esprit desséché se réhydratait au goutte-à-goutte. Philippe Papadakis lui avait confié :

— C’est comme si vous veniez de renaître. D’habitude, la conscience s’éveille à l’instant où le bébé apparaît. Vous, vous êtes née à 13 ans. Il n’est jamais trop tard.

Cassandre a clairement à l’esprit le visage à la Donald Sutherland de Philippe Papadakis, alors que, quand elle repense à ses parents, elle ne les voit qu’en un puzzle sanglant, après l’attentat.

La porte d’entrée est fermée, mais en contournant la maison elle finit par trouver une fenêtre à sa portée. Elle ramasse un gros caillou et fracasse une vitre. Puis elle passe la main dans l’orifice et tourne l’espagnolette.

Elle se hisse, atterrit dans les toilettes qui sentent l’eau croupie. Derrière la porte, une grande pièce est plongée dans le noir. Cassandre actionne en vain l’interrupteur. En fouillant un peu, elle trouve un candélabre à trois bougies et des allumettes posées sur un guéridon. Elle peut enfin éclairer les lieux et repérer le disjoncteur, près de la porte d’entrée. Quand elle le réenclenche, un ronronnement étouffé monte du sous-sol de la maison.

Certaines choses fonctionnent encore.

L’intérieur luxueux, meublé avec goût, est entièrement tapissé de poussière et de toiles d’araignées.

Mes parents étaient fortunés.

Cassandre consulte sa montre « Probabilité de mourir dans les 5 secondes : 23 %. »

Aucune caméra vidéo, ou alors elles ne sont pas branchées. Donc Probabilis ne connaît de moi à cet instant que ma localisation GPS et mes battements cardiaques. Les 10 % de plus que la normale, c’est l’émotion de retrouver le lieu de vie de mes parents et de ma jeunesse, ou le risque d’effondrement du toit.

Elle caresse le divan en cuir face à la télévision couverte de poussière. Elle s’assoit dans un fauteuil en forme d’œuf, à l’intérieur le silence est profond.

J’adore cette sensation, comme si j’étais coupée du monde.

Elle s’extirpe du fauteuil et visite la pièce, comme si elle la voyait pour la première fois.

Au mur principal du salon très design, un seul tableau ancien, étiqueté en lettres d’or : « La Parabole des aveugles » œuvre de Pieter Breughel, 1568.

Le tableau est troublant. On y voit six aveugles qui marchent en se tenant les uns les autres. Le premier tombe dans le fossé, le deuxième est déséquilibré, le troisième sent qu’il se passe quelque chose devant lui mais se demande quoi, le quatrième perçoit une inquiétude chez celui qui le précède, les deux derniers avancent, confiants et tranquilles, ne se doutant de rien.

Elle reste fascinée par cette vision qui lui semble soudain lourde de sens.

Puis elle grimpe le grand escalier en verre fumé jusqu’au premier étage.

Trois portes s’ouvrent sur le palier. La première donne sur une chambre, probablement celle de ses parents. Au mur, une photo est encadrée. Elle essuie la poussière d’un revers de manche et contemple enfin le visage de son père et celui de sa mère.

Ainsi ce sont eux, mes « parents d’avant l’attentat. »

C’est comme si tous les lambeaux de corps qu’elle avait ramassés se réunissaient enfin pour reconstituer les êtres intacts qu’elle avait oubliés.

Alors ce serait cet étrange monsieur mon « papa ».

Un homme plutôt âgé, avec des lunettes et une fine moustache bien taillée. Il sourit à l’objectif.

Il ressemble à Charlton Heston dans la Planète des singes mais avec des moustaches et des lunettes.

Sa mère est toute menue. Elle aussi porte des lunettes et semble très sérieuse, derrière son sourire un brin forcé.

Ce serait cette drôle de petite femme ma « maman » ? On dirait Audrey Hepburn.

Cassandre ne les trouve ni très beaux ni particulièrement sympathiques.

Peut-être que le fait de connaître ses parents dès la prime enfance nous les impose comme norme de beauté et de sympathie, mais si on a tout oublié, ce ne sont que des gens comme les autres.

D’autres photos encadrées sont disséminées sur la commode et les tables de chevet. Sur l’une d’elles, un jeune garçon se tient au côté du couple.

Ce serait ce jeune homme mollasson, mon frère Daniel ?

Elle l’examine avec attention. Il a déjà les cheveux longs qui lui mangent le visage, les boutons sur le menton et une allure grunge typique de l’adolescence.

Combien donnerait-elle pour perdre son don de prédiction et le remplacer par ce pouvoir simple que tout le monde possède, ou presque : « se rappeler son enfance ».

Elle examine les murs tapissés de diplômes américains, français, anglais, tous attribués aux Katzenberg.

Mes parents ont fréquenté les universités scientifiques les plus prestigieuses du monde. C’étaient deux sommités reconnues au niveau international. Puisqu’ils affichent leurs diplômes sur les murs, ils en étaient très fiers.

Cela la rassure. En même temps que s’expliquent le luxe et la taille de la villa.

Sur la porte de la chambre voisine, entrouverte, une étiquette annonce « Expérience 23 ». À l’intérieur, elle découvre un capharnaüm assez similaire à celui du bureau de son frère à « Futur-Assurances. » Le sol est jonché de livres de science-fiction. Les murs sont tapissés d’affiches de films futuristes et de tableaux noirs recouverts de formules mathématiques à demi effacées.

Elle remarque la phrase : « Tout est une simple question de probabilité », inscrite entre deux formules. À côté, un point d’exclamation barré, puis un point d’interrogation.

Sur le bureau, est posé un journal dont la une titre : « Le justicier des probabilités à l’assaut du Loto. » L’article est signé Daniel Katzenberg et on voit sa photo pleine page. C’est toujours le même adolescent attardé aux cheveux longs et aux vêtements informes, mais il est plus grand et son menton est plus poilu. On ne distingue toujours pas ses yeux.

Dans le texte de l’article, le jeune homme explique que pour avoir de sérieuses chances de gagner au Loto, il faut investir 9 000 euros en achat de billets. À partir de ce chiffre-seuil, les chances de gains supérieurs à l’investissement passent à 75 %.

« Et si tout le monde jouait 9 000 euros, l’entreprise nationale des jeux serait obligée de payer tous les gagnants et serait ruinée. Mais personne ne pense à investir une telle somme. Les gens achètent en général le billet à 2 euros. Dans ces conditions, les chances de gains sont de 0,001 %.

« Donc, conclut Daniel Katzenberg, le Loto est fait pour les imbéciles. Ceux-ci préfèrent investir peu pour gagner rien, plutôt qu’investir beaucoup pour gagner à coup sûr. Heureusement pour l’entreprise nationale des jeux, les imbéciles sont ultra-majoritaires et ne veulent surtout pas modifier leur comportement, même si on leur donne l’information réelle de leur probabilité de gain. En fait les joueurs du Loto raisonnent de manière irrationnelle, ils n’achètent pas de l’argent futur, ils achètent de l’espoir au présent. Et, du coup, ils ne sont jamais réellement déçus. Le phénomène est quasiment de l’ordre du mystique. Les joueurs considèrent que, lorsqu’ils perdent, ils ont dû commettre des péchés, donc Dieu les punit. Le Loto a encore un grand avenir de profits devant lui. »

Cassandre relit l’article.

Mon frère devait posséder un humour particulièrement noir.

Sur une pile de documents poussiéreux, elle trouve un autre article sur les probabilités, toujours signé Daniel Katzenberg :

« Le monde fonctionne à l’émotionnel. On réagit sans réfléchir, mais on pourrait très bien modéliser avec des équations notre politique étrangère, notre politique commerciale, notre politique financière, notre politique intérieure. Ainsi on pourrait prévoir les grèves, les guerres, les bénéfices à attendre de la balance extérieure. Mais personne ne veut rationaliser ce qui est censé, depuis la nuit des temps, se faire au « feeling » et à « l'inspiration » des chefs. Du coup, la politique est menée n’importe comment par des prétendus experts sortis des grandes écoles, qui n’y connaissent rien et ne font que reproduire des systèmes anciens qui ont jadis marché mais qui ont prouvé depuis qu’ils ne fonctionnaient plus. »

Avec des propos comme ça mon frère ne devait pas avoir beaucoup d’amis.

Dans un meuble bas, elle trouve une collection impressionnante de DVD, puis, sur une étagère, une série de petits robots asiatiques.

C’était un enfant des mathématiques et de la science-fiction.

Cassandre patauge dans les jouets, les livres, les DVD qui jonchent le sol, examine les posters montrant des images de Star Trek, de Dune, de Matrix, ou de Bladerunner. Des affiches musicales des Pink Floyd, Peter Gabriel ou Mike Oldfield, sont accrochées au-dessus du lit étroit, aux couvertures moisies.

Elle sort de la pièce, sans refermer la porte, et pousse celle de la chambre voisine, où est inscrit : « Expérience 24. »

Et ça, ce serait… la mienne ?

Elle tourne la poignée. Le battant s’ouvre avec un craquement.

Sa chambre est tout aussi en désordre que celle de son frère. Et habitée par les mêmes objets : des étagères entières bourrées de livres de science-fiction et de DVD.

Une maison ultramoderne, une passion pour la science-fiction, j’avais une famille futuriste.

Elle remarque aussi le nombre impressionnant de vidéos qui couvrent un mur.

C’est pour ça qu’à chaque personne que je rencontre j’associe aussitôt un acteur.

Mais aussi tout un rayon de dictionnaires : des étymologies, des synonymes, homonymes, des dictionnaires de langues. Et, dans un placard près de son chevet, elle tombe sur des réserves de Nutella et de chips datant d’au moins quatre ans. Tout a moisi, les sacs éventrés sont pleins de miettes et de crottes de souris.

C’était ma nourriture.

Entre deux bibliothèques un immense portrait de La Callas est accroché au-dessus de son lit. Elle repère des centaines de disques d’opéra.

J’aimais l’opéra.

C’est probablement pour cette raison que mes parents m’ont emmenée à ce concert en Égypte.

Le voyant de la chaîne hi fi clignote. Sans réfléchir, elle appuie sur PLAY : l’ouverture du Nabucco de Verdi jaillit des haut-parleurs. Tout d’abord les trompettes et les violons, puis les tambours, suivis par l’amplitude généreuse de l’orchestre.

C’est cela que j’écoutais tout le temps, avant. Ma nourriture de l’esprit.

Un instant, elle est tentée d’arrêter la musique qui lui rappelle l’événement le plus tragique de sa vie, mais elle se dit que c’est l’opéra qui marque la limite la plus ancienne de sa mémoire. Si elle veut remonter plus loin dans ses souvenirs, elle doit revivre ce moment, suivre cette piste, encore et encore.

L’opéra, les dictionnaires, les films américains, la science-fiction, les chips et le Nutella, voilà ce qui m’a construite.

Elle laisse la musique chasser le lourd silence de la villa, puis continue sa visite vers le deuxième étage.

La première porte est fermée à clef. Elle hésite puis donne un bon coup de pied dans le battant et fait sauter la serrure. Elle découvre un bureau plongé dans la pénombre.

Ce devait être là que travaillait ma mère.

Ici tout est bien rangé. Sur les murs, des diplômes partout, et des photos de sa mère serrant la main à des hommes en costume strict. Sur le bureau, un livre est posé à plat : Le Baiser de l’Ange, signé de son nom, Sophie Katzenberg.

Sophie, qui signifie en grec : « Sagesse. »

Elle le feuillette. C’est un essai de psychiatrie appliquée aux enfants. Elle tombe sur l’exergue :

 

« Et l’ange appuie son doigt sur la lèvre du fœtus juste avant qu’il naisse et murmure : “Oublie toutes tes vies précédentes pour que leur souvenir ne te gêne pas dans cette vie-ci.” C’est ce qui donne la gouttière au-dessus des lèvres du nouveau-né.

 

LA KABBALE.

Un chapitre s’intitule : LE DEUIL DU BÉBÉ.

Sa mère explique que, jusqu’à 9 mois, le nouveau-né ne fait pas de différence entre l’intérieur et l’extérieur.

Il est dilué dans le monde. Il « est » le monde. S’il se voit dans un miroir, il ne comprend pas que l’image est son reflet, car il ne se limite pas à un simple corps, il est tout. Il n’appréhendera la séparation entre lui et le reste de l’univers qu’au moment où il verra sa mère partir sans revenir tout de suite. Ou il aura faim et n’aura pas tout de suite satisfaction. « Pas de nourriture, pas de maman », va lui faire comprendre qu’il existe des choses sur lesquelles il ne peut agir à sa guise. Dès que le bébé connaît cette terrible frustration, il devient limité, et commence à exister en tant qu’individu. C’est-à-dire un être indivisible, donc qu’on ne peut pas couper.

Cassandre reste pensive, essayant de saisir la portée de tels mots.

Ma mère était pédopsychiatre.

Sa chambre retentit toujours du Nabucco de Verdi. Cette fois c’est l’acte I. Elle reconnaît le passage où la Princesse Fenena, fille du roi babylonien Nabuchodonosor, fait son apparition. Et la Princesse est interprétée par Maria Callas. La voix vibrante la touche jusqu’à la moelle des os.

Sans cesser d’écouter, Cassandre poursuit ses investigations dans le bureau. Elle découvre un gros ouvrage intitulé Un silence assourdissant. En exergue du livre, sa mère évoque une expérience :

« Bruno Bettelheim avait à traiter un enfant autiste qui dessinait partout la même forme. Le savant a cherché à identifier cette forme et a trouvé qu’il s’agissait de la carte du Connecticut. Restait à savoir pourquoi cet enfant autiste dessinait la carte du Connecticut. Bettelheim a fini par trouver. L’enfant par cette carte voulait signifier “Connect I cut.” Ce qui signifie, en anglais, “J’ai coupé la connexion”. Donc “J’ai coupé la connexion avec le monde.”

Cassandre s’arrête pour digérer l’idée. Plus loin dans l’ouvrage un chapitre porte en exergue : « Tout ce qui est en plus s’équilibre avec quelque chose en moins. »

Elle lit :

« Contrairement à ce que certains pensent, les autistes ne sont pas dénués d’empathie, ou d’émotions. Ils sont sensibles et perçoivent le monde, mais d’une manière différente de la nôtre. Les autistes évoluent dans un monde riche d’informations dont nous ignorons la portée. Ils possèdent des capacités plus focalisées. C’est juste que notre société ne sait pas utiliser ces capacités spéciales et donc cherche à les rendre normaux en les endormant ou en leur coupant leur talent particulier. »

Cassandre regarde la quatrième de couverture et aperçoit, à côté de la photo de sa mère, la mention : « Directrice du CREAS : Centre de Recherche sur les Enfants Autistes Surdoués. »

La jeune fille examine d’autres dossiers. Un classeur étiqueté REVUE DE PRESSE s’ouvre sur un article intitulé : « Les théories controversées du docteur Sophie Katzenberg. »

Le journaliste d’un magazine médical évoque les recherches de pointe de sa mère.

« Les enfants malades ne sont pas des cobayes pour des expériences. Le Conseil de l’ordre des médecins devrait mettre fin aux délires de cette pseudo-scientifique qui ne mesure pas la portée de ses théories fumeuses qui ne séduisent que les esprits en mal d’idées à sensation. »

Cassandre relit l’article pour s’en imprégner.

Tout cela a du sens. Tout cela participe d’un puzzle dont je commence à découvrir les premières pièces. Et ce ne sera que lorsque je les aurai toutes assemblées que je saurai vraiment quelle a été mon enfance. Et qui étaient mes parents… ces gens que j’ai réunis alors qu’ils étaient en morceaux.

Il faut que je fouille dans les poubelles de mon passé sans avoir peur de me salir.

Elle referme la porte et passe dans le bureau de son père. Là encore, une pièce impeccablement rangée, avec des livres qui cette fois ne sont ni des ouvrages scientifiques, ni des ouvrages de science-fiction, mais des livres d’histoire. Elle les feuillette et découvre plusieurs biographies du prophète Ézéchiel, et de visionnaires comme saint Jean, Nostradamus, Edgar Cayce ou Cagliostro.

Au mur, quelques diplômes et des photos de son père en train de serrer la main de personnages illustres. Sur l’une d’elles, le président de la République lui remet la Légion d’honneur.

Mes parents étaient décidément des gens très importants.

Plus loin un article avec une interview « du ministre Katzenberg » : « Le futur s’écrit aujourd’hui. C’est parce que certains imaginent maintenant un monde meilleur que ce monde meilleur pourra un jour exister. Tout le bien qui est le nôtre actuellement a été pensé, ou rêvé, un jour, par l’un de nos ancêtres. Si cet ancêtre n’y avait pas pensé, cela n’existerait pas. »

Ma mère était pédopsychiatre spécialiste des enfants surdoués.

Mon père était ministre d’État.

Voilà pourquoi l’inspecteur me parlait de gens « importants ». Et pourquoi ils se donnent tous autant de mal pour me retrouver.

Tout se bouscule dans sa tête, alors que la voix de la Callas continue de vibrer dans sa chambre. Elle se demande pourquoi des gens aussi importants se livraient à des expériences bizarres sur leurs propres enfants dans une maison sans miroirs, entourée de barbelés électrifiés, lorsqu’elle entend soudain un bruit de moteur. Elle fonce à la fenêtre : une voiture est en train de se garer près de la clôture. Un homme en sort.

Elle éteint et descend en trombe couper la musique.

Dissimulée derrière les rideaux, elle attend.

L’homme a les clefs. Il ouvre la porte du parc, puis la porte d’entrée. Le silence qui suit Nabucco est encore plus impressionnant que la musique. Les pas du nouvel arrivant font craquer le parquet de manière sinistre.

— Cassandre !

Elle reconnaît cette voix. C’est celle de Philippe Papadakis.

— Je sais que tu es là !

Il a compris que je viendrais ici puisque c’est lui qui a parlé de mes parents comme étant le nouvel indice à suivre.

— Cassandre ! Cassandre ! Je sais que tu es là, petite abeille. J’ai vu les traces fraîches du véhicule qui t’a amenée sur le chemin. J’ai entendu la musique d’opéra.

Il veut me ramener là-bas.

Cassandre a alors un flash, un souvenir qui jaillit de son enfance.

Le creux derrière l’armoire de ma chambre, je vais m’y cacher. Il ne faudra pas que mes pieds dépassent.

Elle s’y précipite, pose ses orteils nus sur le mince rebord et se plaque contre le fond en bois. Juste à temps.

Philippe Papadakis parcourt toutes les pièces une à une, tous les niveaux, éclairant chaque recoin avec sa lampe de poche. Il passe devant l’armoire, à quelques dizaines de centimètres d’elle.

Elle retient son souffle.

Méthodiquement, il ouvre chaque meuble. Un courant d’air menace de faire éternuer Cassandre. Elle plaque une main sur sa bouche.

— Allez, où te caches-tu ? murmure le directeur. Tu es où, petite abeille ? J’ai trouvé un candélabre avec des bougies chaudes, tu n’es pas loin, hein ?

Il finit par sortir dans le jardin et crie à tue-tête :

— Cassandre ! Cassandre ! De toute façon tu n’as pas le choix ! Tu devras revenir et alors je te donnerai la troisième clef de ton secret. Je suis seul à pouvoir t’aider. Sans moi, tu ne sauras jamais qui tu es vraiment !

La jeune fille attend, et attend encore, le plus longtemps possible. Jusqu’à ce qu’un bruit de moteur qui démarre, puis s’éloigne, lui indique qu’elle est seule. Alors Cassandre sort enfin de sa cachette en frissonnant.

Elle hésite à rester ou à fuir. Puis finalement la tentation est trop forte. Elle se glisse dans le grand lit de ses parents, s’emmitoufle sous plusieurs épaisseurs de draps et de couvertures et se sent comme dans un nid douillet, malgré la poussière.

Jamais elle n’avait ressenti autant de plaisir d’être tout simplement dans un lit moelleux avec un vrai matelas, de vrais draps, de vrais coussins. Elle pédale à l’horizontale pour que ses pieds profitent aussi de cette sensation délicieuse.

 

Le Miroir de Cassandre
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